CARTELEGUE en latin QUARTA LEUCA : quatre lieues gauloises, distante de BLAYE.
Église Paroissiale : L’église ST Romain de CARTELEGUE est de style Roman Saintongeais. Le plan initial est composé d’une nef unique terminée par un chevet plat, d’un clocher carré, et d’une allée latérale au nord.
Au Moyen age Classique ,c’est un des rares prieurés de Cluny en Aquitaine rattaché par la suite à l’abbaye bénédictine de Saint Sauveur de Blaye. Sa position à proximité d’une grande route peut expliquer son histoire troublée et les nombreux remaniements qui ont affecté l’édifice.
La base de l’église actuelle est romane (XIIe siècle. )Il n’en subsiste que le massif occidental de style roman saintongeais avec le portail encadré par deux arcatures aveugles, une corniche et quelques modillons sculptés. La décoration de l’ensemble reste modeste. Devant la porte, subsiste le dallage roman ainsi que la base de deux colonnes à l’aplomb des piedroits de ce portail. On peut voir également sur cette façade, deux corbeaux qui soutenaient la toiture du porche.
Le chevet plat à deux travées est d’inspiration romane mais dénote déjà une architecture de transition (début XIIIe siècle). L’édifice fut partiellement détruit à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle. Aussi le reste du bâtiment n’est qu’une série de remaniements postérieurs à cette date. De la nef unique d’origine, seule la base du mur sud fut conservée. Il fut repris au XIVe ou au XVe siècle. Sur la voûte étoilées nous distinguons , quatre étoiles noire, peut être le symbole des 4 évangélistes, ou bien des étoiles filantes que l’on observe l’été qui sont appelées « larmes de Saint Laurent » ?
Le clocher carré fut bâti (ou rebâti) au XVIe siècle sur le coté sud et forme une chapelle au rez- de-chaussée. On aperçoit de l’intérieur une petite porte encastrée dans le mur, surmontée de deux arcs monolithes. Cette porte, invisible de l’extérieur de nos jours, donnait sur le cimetière qui entourait l’église. Etait- elle réservée au sonneur de cloches ou au Seigneur qui rentrait directement et siégeait toujours au premier rang ?
En 1851 un escalier qui monte par l’extérieur du clocher est installé malgré une pétition signée par une douzaine d’administrés. Sa flèche en pierre ne fut ajoutée au clocher qu ‘en 1890.
Une petite cloche datant de 1683 est abîmée lors de l’effondrement du clocher en 1890 elle sera refondue en 1920.
En 1900 une souscription permet l’achat d’une grosse cloche : « j’ai nom Marie du Sacré cœur ».
Le beffroi métallique de type Eiffel qui était fixé dans la pierre vient d’être changé au printemps 2009 pour un beffroi en chêne, il repose sur les corbeaux de pierre lui laissant ainsi la liberté de bouger sans abîmer l’édifice.
L’angélus sonne à 12h00 et à 19h00.
Dans le chevet on découvre des vitraux du XVIIIe :
Au centre le Christ, à gauche St Romain, à droite Saint Laurent (Saint Laurent de Rome est né vers 210 et morts sur un gril en 258 à Rome. Il avait la garde du trésor de l'église et était chargé d’en distribuer les revenus aux pauvres. On retrouve dans des écrits de 1609 lors d’un inventaire une indication d’un « aultel de S.Laurents , et d’un aultel de notre dame .. »
Sur les côtés du chœur, St Louis; St Louis est passé à Cartelègue après sa victoire à Taillebourg en 1242 près de Saintes, atteint de paludisme, il y aurait séjourné. Nous pouvons découvrir un sceau à l’intérieur de l’église, à côté de la porte d’entrée sur la gauche. Ste Jeanne d’Arc, (patronne secondaire de la France).
L’église comprend également une composition contemporaine de Saint Jacques de Compostelle faite en 1997.En effet Cartelègue qui est situé sur le « grand chemin » est signalé aux pèlerins par un acte du 16 octobre 1759 qui faisait allusion à un hôpital (lieu dit l’hôpital). Les fouilles de 1987 et 1996 ont permis de mettre à jour des sépultures comprises entre les XIIe et XIVe siècles, dont celles de pèlerins de St Jacques de COMPOSTELLE.
Le Maître Autel, en marbre plaqué blanc du XVIIIe siècle est orné de médaillons peints représentant le Christ et les quatre évangélistes :Mathieu représentation à tête d’homme, Marc en lion, Luc en bœuf et Jean en aigle.
Dans l’ordonnance pour Saint Romain de Cartelègue du XVII ème il est écrit : « lon fera fere une couverture aux fonts baptismaux fermant en clef,…que le chœur de leglise ou presbyterium sera renfermé de balustre et que les murailles seront gresfonnées et blanchies par dedans. Et quant au cimetière ( ancien)que les paroissiens le feront fermer et clore aux endroits necessaires et qu’on mettra des grilles ou portes aux murs pour empescher le bestail d’y entrer Et que au milieu diceluy feront fere refere la croix de priere qui y estoit »
L’église renferme un remarquable tableau du XVIIe siècle « Crucifixion »avec la Vierge, Saint Jean et Marie Madeleine, et toujours dans l’ordonnance il est dit « Et quant aux images ordonnons que l’on fera fere …ung grand image du crucifix pour mettre au lieu accoutumé. » Nous trouvons également en dessus de la petite porte un tableau de Job exprimant avec intensité la détresse de celui qui se croit abandonné.
Vers 1750 une allée latérale fut élevée au nord. La chapelle de cette allée est ornée d’un retable autel abritant une Vierge à l’Enfant en bois doré de l’école Bordelaise (XVIIIe).Ce Retable en bois a retrouvé lors de sa restauration par l’Association pour la Restauration et la Sauvegarde de l’Eglise, sous 7 couches de peinture, toutes ces techniques de faux marbre visible aujourd’hui
De 1921 à 1923 l’ensemble de l’église à été décoré par la famille ALBENQUE suite à un don. C’est avec des motifs de drapés ,colorés et variés restaurés aujourd’hui, alors qu’au XVIIIe siècle l’ensemble des murs et des voûtes présentait un décor de « faux appareil » d’une grande sobriété.(badigeon blanc avec des traits rouges).
Le chemin de croix : 1922 –1923
C’est un ensemble de tableaux en pyrogravure sur bois, exécuté par le père Villeneuve aumônier à Blaye.
Plusieurs statues ornent l’édifice ,Jésus sacré cœur, Saint Joseph et l’Enfant Jésus, Notre Dame de Lourdes, Sainte Thérèse, ,Jeanne d’Arc, Saint Romain et Saint Antoine,
Parmi les éléments patrimoniaux de la commune, on peut citer, en plus de l'église, les différents calvaires « de carrefour » qui sont érigés sur le territoire communal :
- la croix hosannière située au lieu-dit « La Croix » datée du XVIIème siècle. L’adjectif «hosannière» semble venir de l’hosanne, buis sacré qui était déposé sur la croix et faisant partie d’un rituel aujourd’hui oublié.
Les croix hosannières sont nombreuses en Poitou-Charentes et exceptionnelles en Gironde.
Ce monument se trouvait dans l’ancien cimetière qui entourait l'église.
Au milieu du XIXème siècle, lorsque le cimetière actuel fut construit, la croix fut déplacée à l’entrée du village à un carrefour qui porte maintenant le nom de la « Croix ».
Trois autres calvaires sont édifiés au lieu-dit Moulin de Chasserat, Boissier, et Gouas.
Ces croix sont souvent des croix de mission qui étaient édifiées par souscription auprès des paroissiens à l’occasion de « missions »organisées par l’Eglise.
Ces croix étaient aussi des lieux de rassemblement à l’occasion des « rogations » au cours desquelles les curés parcouraient les villages et bénissaient les terres agricoles. Les rogations avaient lieu au printemps.
Il faut également citer une statue de la vierge en pierre située à l’extrême sud de la commune dans les vignes appartenant au « Château Cazeaux » de Saint Paul de Blaye. Nous n’avons pas de renseignements précis sur l’origine de cette croix, hormis le fait que le château Cazeaux aurait pu être un prieuré.
Le moulin à vent a été construit fin du XVIIème siècle et faisait partie des nombreux moulins présents en BLAYAIS.
L’étymologie de CHASSE-RAT est assez amusante.
En effet, bâti sur un tertre artificiel assez escarpé, les paysans avaient de la difficulté à amener leurs sacs de grains ou à récupérer leurs sacs de farine.
Par conséquent, le moulin n’avait que peu de clients et faisait de mauvaises affaires.
Les habitants du lieu, pour se moquer de ce pauvre moulin, l’avaient surnommé le moulin de CHASSERAT c'est-à-dire le moulin qui a si peu de grains à moudre que même les rats le désertent, le moulin qui chasse les rats.
Depuis de nombreuses années, le moulin ne moud plus de grains mais le nom est resté !
Aujourd’hui, le moulin est devenu une résidence secondaire.
En 1936, la famille NOBLE crée une scierie dont l’énergie est fournie par une machine à vapeur.
En 1960, l’entreprise est modernisée et toutes les machines sont électrifiées. La fabrication de nouveaux produits tels que les parquets, lambris et les bardages entraîne l’agrandissement en 1980 des ateliers.
En 1987, par souci d’économie d’énergie, une chaudière à sciure de bois équipe le sécheur.
Aujourd’hui, l’établissement est désigné du nom des actuels dirigeants, MM. ROSSIGNOL, père et fils. (I.S.M.H. 1988)
Source : Le Patrimoine des Communes de la Gironde – FLOHIC Editions